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7 octobre 2025
Les dernières publications du CRCM
21 octobre 2025Le CRCM accueille une nouvelle équipe dédiée à l’étude des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) et à la protéomique, deux domaines clés pour comprendre les mécanismes du cancer et développer de nouvelles approches thérapeutiques.
Dirigée par Franck Vandermoere, chercheur CNRS passionné et expert reconnu dans ces champs de recherche, l’équipe MEMPROT ambitionne de décrypter la complexité des signalisations cellulaires à travers des technologies de pointe, dont l’analyse protéomique à l’échelle de la cellule unique.
Pour commencer, peux-tu nous dire qui tu es ?
Franck Vandermoere : « Lillois de naissance, je suis passé par l’Ecosse et par Montpellier avant d’arriver sur Marseille. Marié à une provençale, je conserve néanmoins une pointe d’accent ch’ti. J’apprécie le mode de vie dans le Sud de la France avec sa gastronomie, ses randos, la mer. »
Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre le CRCM ?
FV : « Travaillant dans le domaine des neurosciences depuis mon recrutement au CNRS, cela fait plusieurs années que je souhaitais retransférer mes compétences en protéomique et en RCPG (récepteurs couplés aux protéines G) dans le domaine de la cancérologie.
De par son excellence scientifique et son implantation au sein de l’Institut Paoli-Calmettes, centre de lutte contre le cancer, le CRCM présente de sérieux atouts pour développer ce projet. J’y collabore déjà avec plusieurs équipes : la Plateforme Marseille Protéomique que je connais depuis de nombreuses années pour leur expertise et avec qui je partage le goût du développement de nouvelles méthodologies d’analyse en spectrométrie de masse et en protéomique.
L’équipe de Jean-Paul Borg avec qui je collabore sur l’étude d’un RCPG nommé CELSR2. L’équipe de Patrick Chames qui a développé un nanobody contre le RCPG mGlu2 qui a été d’un impact majeur dans mes dernières publications (Oosterlaken M et al Nature 2025, Philibert CE et al Sc Advances 2024). Le CRCM avait publié un appel d’offre de recrutement d’un PI en protéomique en 2023. J’y ai donc postulé. »
Peux-tu résumer ton parcours en trois étapes ou anecdotes ?
FV : « Une thèse en 2005 à l’université de Lille sur la recherche des substrats de la kinase Akt dans le cancer du sein. Pendant cette thèse, j’ai publié l’une des premières caractérisations de l’interactome d’une protéine endogène par AP-MS (affinity purification-mass spectrometry) (Vandermoere et al Oncogene. 2005).
Un post-doctorat de 4 ans à l’unité de phosphorylation des protéines de la MRC de l’Université de Dundee (UK) sur des projets utilisant largement la spectrométrie de masse à haute résolution pour caractériser des voies de signalisation impliquées dans le métabolisme et les cancers. Pendant ce postdoc, j’ai travaillé sur de nombreux spectromètres de masse dont l’un des tout premiers LTQ-orbitrap d’Europe, une technologie qui a révolutionné le monde de la protéomique en amenant à la fois haute résolution et vitesse d’acquisition.
Chercheur CNRS à partir de 2009 dans l’équipe « Neuroprotéomique et Signalisation des Maladies Psychiatriques et Neurodégénératives » de Philippe Marin à l’Institut de Génomique Fonctionnelle (IGF, Montpellier), j’y ai développé des programmes de recherche sur la modulation par phosphorylation et par interactions protéine-protéine des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG), en particulier les récepteurs cibles des antipsychotiques. »
Ton domaine d’expertise en quelques mots ?
FV : « Deux domaines d’expertise…
Le plus ancien : la protéomique depuis 20 ans. J’ai d’ailleurs été élu président de la Société française de protéomique de 2020 à 2023 et suis maintenant membre élu du board de l’association européenne de protéomique (EuPA) qui regroupe 23 sociétés nationales du domaine.
Le plus récent : les récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) depuis 16 ans. J’ai activement participé à la vie du réseau français des RCPG (GDR CNRS 3545) qui est maintenant devenu l’ IRN i-GPCRnet avec l’addition de laboratoires de 11 autres pays. »
Dans tes cartons : de nouveaux projets, des envies de collaborations ?
FV : « Le projet de développement le plus ambitieux de l’équipe et qui a déjà intéressé pas mal d’équipes du CRCM est le développement de l’analyse protéomique à l’échelle de la cellule unique pour rendre compte de l’hétérogénéité protéique des tumeurs solides et obtenir des données pour des sous populations cellulaires minoritaires.
Nous utiliserons la microfluidique pour isoler les cellules une par une et préparer leurs protéines dans des réacteurs de quelques centaines de nanolitres pour ensuite les analyser avec le dernier spectromètre de masse acquis par Marseille Protéomique qui est capable de caractériser plusieurs milliers de protéines par cellule unique.
Il y a seulement quelques années, les meilleurs laboratoires du monde n’en caractérisaient que quelques centaines par cellule. »
Quelle est ta vision pour l’équipe (MEMPROT) que tu vas piloter ?
FV : « Le monde des RCPG est en pleine ébullition grâce à l’apparition de technologies de rupture. Les nanobodies qui accèdent à des épitopes inaccessibles aux anticorps classiques sont devenus rapidement de formidables outils pharmacologiques pour cibler les RCPG.
La cryoEM résout de plus en plus de structures de RCPG qui étaient jusqu’alors inaccessibles aux autres méthodes. Bien qu’étant la cible de 35% des médicaments actuels, les RCPG sont encore peu ciblés dans le cancer car beaucoup des RCPG dérégulés sont mal caractérisés voire orphelins.
Ces nouvelles technologies sont en train d’accélérer le ciblage des RCPG dans le cancer. »
Comment imagines-tu contribuer à la vie scientifique (et sociale !) du CRCM ?
FV : « Je vais continuer à contribuer à la vie des sociétés savantes de mes domaines au niveau européen et national. Venant d’arriver sur Marseille, je vais mettre un peu de temps à m’intégrer et contribuer au niveau local mais ce n’est qu’une question de temps car c’est dans mon ADN.
Dès que les autres membres de l’équipe seront arrivés, on organisera un pot d’arrivée pour nous présenter. On espère vous y rencontrer ! »
Un message à faire passer à tes collègues du CRCM ?
FV : « Mon bureau est toujours ouvert. De petites discussions peuvent naitre de longues collaborations.
Si vous ne savez pas où est mon bureau, cherchez près des spectromètres de masse. »
Et enfin : un talent caché ou une passion hors labo ?
FV : « Ancien joueur de badminton de niveau national, mais c’est bien loin. »

